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Carlos Alcaraz : un niveau de LOCUS INTERNE digne des grands champions.

Carlos Alcaraz : un niveau de LOCUS INTERNE digne des grands champions.

En conférence de presse, au sortir du match contre Novak Djokovic, Carlos Alcaraz attribue sa défaite (en partie du moins) aux crampes dont il a eu à souffrir. Et il relie ces crampes à son niveau de stress. Ce faisant, il fait montre d’un bon niveau de locus de contrôle interne… Mais qu’est-ce que le locus de contrôle ?

C’est un concept de psychologie établi dans les années 1960 par Julian Rotter, qui permet une lecture de la réussite individuelle dans différents secteurs (santé, scolarité, activité professionnelle, performance sportive…). Le locus de contrôle (ou « lieu de contrôle ») est défini comme une attitude, une disposition d’un individu à assumer ou non ce qui lui arrive. C’est la croyance généralisée dans le fait que les événements qui nous arrivent ou les résultats de nos actions dépendent de facteurs qui nous sont internes ou externes.

On parle donc de locus de contrôle interne et de locus de contrôle externe.

Une personne qui agit en rapport à un « locus de contrôle interne » aura tendance à accorder une causalité interne aux événements qu’elle subira et établira un lien de causalité entre son activité et sa performance. Se considérant responsable de ses actes, elle aura tendance à s’assumer, et attribuera ses réussites ou ses échecs à ses efforts et à son engagement. Dans ce cas, un athlète qui gagnera un combat de lutte par exemple, attribuera son succès à ses efforts et au travail fourni durant la préparation.

Dans le cas d’une personne qui présente un « locus de contrôle externe », aucun lien de causalité n’est établi, la personne aura tendance à attribuer une causalité externe (à des facteurs externes) aux événements qu’elle vivra. Elle estimera que ses performances ou que les évènements de sa vie dépendent des autres.  Ainsi par exemple, en cas de domination durant un match de tennis, le sportif aura tendance à attribuer son succès à une contre-performance de son adversaire, et en cas de difficultés à rejeter la faute sur des facteurs externes.

Dans le domaine de l’anxiété par exemple, une étude (1) a révélé que l’anxiété compétitive peut être prédite par le niveau de locus de contrôle interne ou externe des sujets. Cette étude a permis de montrer que plus les joueurs et joueuses de tennis de haut niveau présentaient une croyance dans un contrôle interne, moins ils manifestaient une anxiété à l’approche d’une compétition sportive.

D’autres études mettent en évidence des relations entre certains facteurs psychologiques et les blessures sportives. Le locus de contrôle, la capacité d’adaptation au stress et l’image de soi seraient en relation avec une certaine prédisposition aux blessures sportives. Ainsi une étude portant sur de jeunes footballeurs (2) montre qu’une fréquence élevée de blessures est corrélée avec un locus de contrôle externe.

Carlos Alcaraz n’a pas attribué sa défaite à des causes extérieures, mais à un stress encore mal maîtrisé (lieu de contrôle interne). On pourrait dire qu’à 19 ans, il fait ainsi preuve d’une belle maturité. De mon point de vue, il montre surtout qu’il a les ressources psychologiques pour devenir un très grand champion.

(1) Arnaud , O. Codoub, J. Palazzolo Mémoire « Lien entre locus de contrôle et anxiété compétitive : étude portant sur 150 joueurs de tennis de haut niveau, Annales Mé dico-Psychologiques 170 (2012) 642–647.

(2) Pargman, D. & Lunt, S., (1989). The relationship of sepf-concept and locus of control to the severity of injury in comparatively lower ability level collegiate football players, Sports Training, Medecine and Rehabilitation, 1, 203-208

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